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PALEOLITHIQUE STORY

Mathieu Bauer

Toujours là où on ne l’attend pas, Mathieu Bauer nous invite à le suivre, non sans une bonne dose d’humour, sur la piste des chasseurs-cueilleurs du paléolithique ! À travers cette quête de nos origines, il nous éclaire sur un mode de vie qui semble aux antipodes du nôtre. Et pourtant…

 

 

Paléolithique story est le nouveau spectacle du metteur en scène Mathieu Bauer, son premier depuis qu’il a quitté le CDN de Montreuil, qu’il a dirigé pendant dix ans, de 2011 à 2021. Il ne s’agit pas d’une forme traditionnelle de théâtre basé sur un texte dialogué mais, comme tous les spectacles de Mathieu Bauer, qui est aussi musicien, d’une forme composite de théâtre musical, créé en complicité avec le musicien Sylvain Cartigny qui a composé la musique du spectacle. Nourri de lectures et de références diverses, ce spectacle écrit en grande partie au plateau, procède par glanage de différents matériaux textuels et références. L’écriture finale du texte a été réalisée en grande partie par Marion Stenton, à partir de toute cette matière travaillée par Mathieu Bauer avec Lazare Boghossian. Pensé pour trois acteurs et trois musiciens, Paléolitique story propose une traversée joyeuse, une enquête sur les débuts de l’histoire afin de mieux questionner notre présent. C’est aussi une comédie musicale où théâtre et Musique s’entrecroisent, une forme de digression vivante sur le rapport au temps et à l’histoire.


 

Aller à l'essentiel avant votre venue au spectacle

Le titre et le sous-titre 


Le titre Paléolithique story annonce clairement le sujet, c’est un spectacle qui porte sur le paléolitique. Pourtant le choix de l’anglais apporte une petite touche de légèreté, on ne va pas assister à une conférence sur l’histoire du paléolitique — période qui va de 35000 ans à 6500 ans avant notre ère —, mais peut-être plutôt à digression fantaisiste, à une comédie musicale. Il ne s’agit pas de « history », mais de « story », comme dans West side story

Le sous-titre, Comment avons-nous pu nous retrouver si coincés ?, a peut-être encore d’avantage d’importance que le titre, il nous ramène à une dimension contemporaine et introduit un débat à travers sa forme interrogative. C’est une référence directe au livre de David Graeber, anthropologue anarchiste américain et de l’archéologue britannique David Wengrow, Au commencement était…(éditions les liens qui libèrent). Une nouvelle lecture de l’histoire de l’humanité où ils explorent les origines des inégalités, la naissance des villes, de l’agriculture, de l’état et des hiérarchies sociales.

Dans cet ouvrage, les deux auteurs questionnent : comment avons-nous pu nous laisser enfermer dans une réalité sociale si monolitique, cette réalité qui a normalisé les rapports fondés sur la violence et la domination ? et proposent une 3e voie entre les deux thèses principales généralement admises sur les débuts de l’humanité.

>> Celle de Thomas Hobbes, philosophe anglais du XVIIe siècle, l’un des premiers penseurs de l’état, qui présuppose que l’homme est un loup pour l’homme, un être sauvage en concurrence et en guerre permanente avec ses semblables. Aussi pour Hobbes comme pour les penseurs qui s’en réclament, l’instauration d’un état est la seule façon de réguler cette violence originelle et de construire une société. Le progrès passe ainsi par le contrôle des bas instincts et par la naissance de l’Etat avec un grand E.

>> Ou bien celle de Jean-Jacques Rousseau, penseur et écrivain du XVIIIe siècle, qui dans Discours sur l’origine et les fondements de l’inégalité entre les hommes, décrit en 1755, l’aube de l’humanité à travers le portrait idyllique de chasseurs cueilleurs vivant en petits groupes égalitaires dans une sorte d’innocence comparable à celle du petit enfant, passés ensuite, du fait de l’augmentation démographique, à l’inégalité et à l’organisation hiérarchique.Dans le droit fil de ces récits traditionnels de l’histoire, les inégalités proviendraient notamment de la naissance de l’agriculture qui a entraîné le stockage, les richesses, la concurrence, la bureaucratie, le gouvernement centralisé et l’organisation verticale.David Graeber et David Wengrow récusent ces versions pessimistes et ennuyeuses (« boring », est le terme qu’ils emploient) et contredisent l’inévitabilité des inégalités, notamment à la lumière des découvertes de l’anthropologie (qui étudie les humains du passé comme du présent en société) et de l’archéologie. Pour eux, les inégalités ne sont pas une fatalité, l’homme a la capacité de maîtrisé ses choix et il existe d’autres voies possibles. Ils expliquent aussi que, selon les preuves trouvées sur le terrain, lors de fouilles, il apparaît clairement que l’agriculture n’est pas née du jour au lendemain, il n’y a pas eu de révolution, mais qu’au contraire, elle est la résultante d’un processus qui a pris des millénaires.

David Graeber est l’un des instigateurs d’occupy Wall Street, mouvement militant américain lancé en 2011, dans l’espace public, pour réfléchir sur les inégalités sociales et contester la mainmise de la finance sur l’économie. Occupy Wall street est l’événement qui a ouvert la voie aux mouvements de contestation sociale tels que Nuit Debout ou celui des Gilets jaunes et qui a également irrigué les mouvements pour le climat. David Graeber est également auteur de Bullshit jobs — ouvrage paru en 2018, dans lequel il analyse les dégâts sociaux produits par les emplois dépourvus de sens.

 

 

 

Une réponse à Ayn Rand ? 


Dans leur précédent spectacle, Mathieu Bauer et Sylvain Cartigny ont exploré la figure d’Ayn Rand. Aussi célébrée aux USA que méconnue en France, cette romancière — dont les livres totalisent dans son pays les meilleures ventes après la Bible — est la figure de proue de la pensée ultra-libérale, de « l’égoïsme rationnel », comme elle définit elle-même sa pensée, basée sur le pouvoir d’un homme providentiel, entrepreneur et inventeur d’exception, héros au-dessus des masses, qui se bat seul contre l’état. Dans le prolongement de Femme capitale, spectacle sur Ayn Rand, icône de Trump et du Tea party d’ultra-droite, pour laquelle les inégalités constituent une donnée intégrante de l’humanité, et qui opposait un individu suprémaciste face au collectif d’un orchestre, Mathieu Bauer a eu envie de remonter le temps et d’interroger les récits de nos origines pour questionner la source de ces inégalités, mais toujours sur le mode ludique d’un spectacle musical.

 

 

 

Les acteurs-ice-s 

 


On retrouve ici la lumineuse Emma Liégeois, actrice également chanteuse, présente dans la plupart des récents spectacles de Mathieu Bauer et qui avait tenu le rôle-titre dans Femme capitale, figure d’Ayn Rand. Avec elle sur scène, on retrouve deux autres complices de Bauer, Romain Pageard, dans le rôle de l’assistant volubile, et Gianfranco Poddighe, dans celui du professeur grincheux. Lawrence Williams, lui aussi fidèle parmi les fidèles, complète le trio de musiciens formés par Mathieu Bauer et Sylvain Cartigny.

 

 

 

APRES LE SPECTACLE

La forme : l'esprit de la cueillette 


Paléolitique story adopte la forme d’une histoire dans l’histoire qui, selon le principe des strates mises en évidence en archéologie, laisse apparaître différents plans narratifs, avec brouillage de pistes, où le premier plan et le second plan se rejoignent lors des parties chantées. 

S’agissant d’évoquer les sociétés de chasseurs cueilleurs, Mathieu Bauer revendique la posture du glanage buissonnier. Balades en forêt, cueillettes de champignons, fraises des bois, myrtilles et autres rêveries, ont marqué son enfance.

Filant la métaphore de la cueillette, le musicien metteur en scène revendique la promenade aléatoire à travers son sujet comme mode de création, plutôt que la marche sportive et efficace. S’égarer, se laisser surprendre, digresser font partie de l’exercice. Il adopte finalement la posture de l’amateur éclairé. Grand lecteur, passionné par son sujet mais nullement spécialiste, le metteur en scène nous propose une forme de jeu de pistes entre différentes hypothèses sur les débuts de l’humanité, une sorte de grande rencontre avec tout ce qu’il a récolté dans son panier au fil de ses lectures. « Là aussi, dit Mathieu Bauer, j’ai besoin de remplir un panier avant de commencer à imaginer une recette pour concocter mon spectacle ». Et comme on peut le voir, le panier est bien garni.

 

 

 

 

Musique


Entre une composition originale plutôt rock et des citations d’œuvres comme Les Noces de Figaro de Mozart, I kiss your hand madame de Spike Jones mais aussi La Nuit transfigurée de Schoenberg, à la fin sur le texte de Bataille… la partition avance aussi par collage de morceaux d’origine très diverses. On peut aussi entendre une berceuse, puisqu’on suppose que les premières mélodies étaient des berceuses : spontanément la première chose que l’on fait naturellement c’est de chanter pour son enfant.
La musique s’est écrite avant le texte, le spectacle a été travaillé en grande partie au plateau.
L’idée initiale qui a prévalu c’est que ce soit vraiment une pièce de groupe, que les musiciens ne soient pas séparés des acteurs, d’où le croisement aussi des différents plans

 

 

 

 

Battle de personnages et deux visions du monde qui s'affrontent 

 


« Vous ne travaillez pas seulement sur le passé vous vivez littéralement dedans… »

Pour poser les termes de son sujet, Mathieu Bauer imagine deux figures antagonistes : d’une part, le professeur grincheux dans sa blouse grise qui se lamente sur son échelle et fustige le cours de l’histoire — « complètement faux cette histoire de progrès » — et d’autre part, la jeune intruse, très féminine, qui vient secouer le cocotier des sempiternelles mêmes théories et ramène de la vie, un souffle d’air, dans l’univers triste et renfermé du professeur.

Entre ces deux pôles très genrés, s’immisce un 3e larron, un assistant un peu clown. A travers cette battle de personnages : On assiste à l’affrontement de deux visions du monde.  Les personnages sont davantage des figures, d’où leur approche très stylisée, sinon cliché, faisant directement référence au film de 1938 de Howard Hawks, L’Impossible Monsieur Bébé, jusque dans l’échafaudage, les costumes et les postures des personnages. Un classique du courant burlesque américain qui met en scène un paléontologue (Cary Grant) rivé jours et nuits à son musée de sciences naturelles aux prises avec une jeune femme (Katharine Hepburn), aussi charmante qu’excentrique, qui va mettre la pagaille dans sa vie de vieux célibataire, d’autant qu’elle est accompagnée d’un félin apprivoisé, le fameux Monsieur Bébé.

Dans ce film comme dans le spectacle, tout repose sur l’opposition entre deux approches : David, le paléontologue, rationnel, rigoureux, et triste et Susan, la jeune femme pleine de vie, extravagante, impertinente et imprévisible. Tout les oppose, que c soit leurs idées, leur démarche, ou leur comportement... Le comique naît du choc de la rencontre et des multiples rebondissements. A mesure que l’intrigue avance, l’énergie joyeuse de Susan contamine peu à peu le quotidien sérieux et étriqué du professeur.
Le véritable héros du film, c’est elle, c’est une héroïne.

Sous couvert de comédie, L’Impossible Monsieur Bébé dessine le portrait étonnant d’une femme émancipée qui ose vivre sa vie comme elle l’entend sans craindre de briser les codes établis par la bonne société. Décidée et volontaire, c’est elle qui mène la danse face à son comparse, dépassé par les événements. Quant à la panthère, on vous laisse deviner la métaphore… 
S’agit-il d’un film féministe pour autant ? Ce rôle d’héroïne n’est-il pas construit par le prisme d’un regard masculin ? Comment ces questions pointées par H.Hawks ont-elles évolué depuis ? 
Metteur en scène passionné de cinéma, dont pratiquement tous les spectacles font référence à des films ou tirent leur matière de films, Mathieu Bauer a conservé ces deux figures très typées du film de Hawks, qui peuvent paraître très en décalage avec l’approche contemporaine des questions de genre, il a cependant pris quelques distances avec le jeu de séduction qui tient toute l’intrigue de L’Impossible Monsieur bébé.

 

 

De l'homme de Menton à la dame de Cavaillon 


Cette question du genre et du regard masculin revient plus loin dans la pièce. Il s’agit cette fois du prisme par lequel les chercheurs en archéologie observent leurs trouvailles.
Ainsi, la scène de la piscine fait référence à un épisode véridique. Connu comme homme de Menton, le squelette découvert en mars 1872 par Emile Rivière était conservé dans le laboratoire du Musée de l’homme où travaillait la préhistorienne Marie-Antoinette de Lumley qui à force de passer et de repasser devant a trouvé qu’il avait un bassin bien large pour un homme. C’est ainsi qu’un siècle après son exhumation, l’homme de Menton est devenu la Dame du Cavillon. Sa tête était recouverte de coquillages, une parure qui laisse d’ailleurs penser qu’il s’agissait d’un personne importante.

Voilà qui relativise carrément la science ! 

Entre l’époque de sa découverte et aujourd’hui, des progrès scientifiques gigantesques ont été accompli. Grâce à la technique du carbone 14 (qui date de 1949) on a pu découvrir l’âge de la dame au moment de son décès et beaucoup d’autres choses encore. Comme dirait Emma : « dites, ça fait combien de temps qu’on étudie la préhistoire ? à peine 200 ans et votre distribution des rôles a plus à voir avec la réalité d’il y a 200 ans qu’avec celle du paléolithique, pourquoi est-ce que vous ne mettez pas de femme à l’atelier silex ? » 
L’histoire, la paléontologie, l’archéologie sont des sciences en constante évolution.

 


 

Un musée pour quoi, un musée pour qui ?


 
A travers l’expression de leurs points de vue des personnages — lui : « nos visiteurs viennent écouter des experts » / elle : « vos visiteurs viennent écouter des histoires… comprendre les sociétés d’avant ça ne peut pas être seulement collectionner les informations » — se fait jour différentes questions de fond sur le rapport au savoir et à la transmission : Qu’est-ce que l’histoire et qu’est-ce que faire de l’histoire ? n’y a-t-il pas autant de récits que de commentateur.ice.s ? L’histoire n’évolue-t-elle pas constamment au gré des découvertes ?  Quel est le travail de l’historien ? Un musée pour quoi faire, un musée pour qui ? conserver ? transmettre ? penser ?  Peut-on encore concevoir les musées comme il y a cinquante ans ? Et la place du visiteur, elle est où ?

Autant de questions sur le rapport au savoir et à la culture qui ont traversé l’institution muséale ces dernières décennies et en ont transformé l’espace et les usages. Une évolution que cette réplique de la jeune femme résume bien : « avec vos interdictions de marcher, de toucher, de sentir, de manger, de boire, vous interdisez de penser (…) alors qu’on pourrait faire voir, faire sentir, faire entendre ». Mathieu Bauer n’est pas seulement artiste, il a aussi été directeur d’un CDN. La question de l’accès à tous, de l’ouverture du théâtre à tous les publics il se l’est posée et y a œuvré durant les dix années où il est resté à ce poste. Derrière cette évocation du musée qui doit ouvrir et qui ne sera jamais prêt, il y a aussi, pour Mathieu Bauer, le souvenir du film La Ville Louvre du documentariste Nicolas Philibert (cinéaste multi primé, il vient de recevoir l’Ours d’or à la Berlinade). Dans ce film (www.nicolasphilibert.fr) qui dévoile les réserves de l’un des plus grands musées du monde, il y a notamment cette scène, dans la salle des Rubens, avec un ouvrier en bâtiment en train de peindre les plinthes qui tout à coup s’arrête devant les Rubens pinceau en main.


 

Théâtre dans le théâtre et jeux d’anachronisme 

 
 Comédie dans le théâtre, Paleolithique story apparait comme la mise en scène que propose la jeune aspirante guide au professeur pour étayer son propos et l’amener à changer de perspective. On peut imaginer que celle qui cherche à « faire voir, faire sentir, faire entendre » envisage de présenter ce type de scènes aux visiteurs du musée. Un musée vivant donc.

Dans cette perspective, les musiciens posent régulièrement leurs instruments pour endosser les costumes des chasseurs cueilleurs. Cette astuce dramaturgique donne lieu à différentes scènes cocasses qui s’appuient sur des jeux de costumes de peaux de bêtes revus et corrigés qui s’avèrent très froufroutant, très cabaret, et un décor très librement inspiré des paysages de grottes avec architecture de stalagmites et effets ostentatoire de carton-pâte et qui amène aussi la dimension du chantier, de la pensée en chantier. Dûment costumés, nos chasseurs cueilleurs partent en cueillette et récoltent les livres comme on cueille des champignons.

Dans leur panier : La Société contre l’Etat de Pierre Clastres anthropologue et ethnologue français, philosophe de formation qui s’est attaché à démontrer que les sociétés primitives ne sont pas restées dans l’ignorance du pouvoir et de l’État, mais qu’elles se sont construites contre, afin que l’État ne puisse pas apparaître. Son livre pose une question fondamentale pour nos sociétés contemporaines : peut-on vivre sans état ? http://www.leseditionsdeminuit.fr/livre-La_Soci%C3%A9t%C3%A9_contre_l%E2%80%99%C3%89tat-1999-1-1-0-1.html Ils filent la métaphore des champignons jusque dans les moindres détails :

Le Pierre Clastres est comestible, le Rousseau est décrit comme hallucinogène, tandis que Finkelkraut (« oh ! un finkelkrautus ») pourrait potentiellement contaminer tout le panier… Le texte de Rousseau sur la propriété donne lieu à une scène comique assez fantaisiste suivie d’une chorégraphie. Puisqu’il est toujours question de champignons, il s’agit de bien faire cuire le texte, de bien le mâcher pour mieux l’ingurgiter. La pensée est vue comme une nourriture. « Le premier qui ayant enclos un terrain s’avisa de dire « Ceci est à moi » et trouva des gens assez simples pour le croire, fut le vrai fondateur de la société civile. Que de crimes, de guerres, de meurtres, que de misères et d’horreurs n’eût point épargnés au genre humain celui qui, arrachant les pieux ou comblant un fossé, eût crié à ses semblables : Gardez-vous d’écouter cet imposteur, si vous oubliez que les fruits sont à tous et que la terre n’est à personne. » Romain, l’assistant du professeur, se transforme en documentariste observant les musiciens, son ton est celui des documentaires animaliers : « voici nos chasseurs-cueilleurs, un petit groupe d’individus qui ont choisi de s’associer pour leur survie ils ne travaillent de manière visible qu’une poignée d’heures par jour, le reste du temps, c’est l’intermittence du corps, du cœur et de l’esprit… »
L’humour vient du décalage entre ce que l’on voit et le commentaire mais on peut y voir aussi une petite moquerie critique à l’égard du regard que posent les experts sur ceux qu’ils observent et appellent « les indigènes ».

 

Forte présence du hors scène 


 
La salle des fêtes est un espace de l’avant ou de l’après, comme si le texte se tenait dans l’antichambre des événements. Ainsi, on est tout le temps dans la mise ou dans la démise de situations mais jamais dans les situations elles-mêmes. On assiste à la répétition du discours des vœux et non aux vœux, à l’organisation du loto, ce moment où chacun apporte des lots et non au loto lui-même, à la fin de la fête… La cérémonie des vœux et le loto ont-ils finalement lieu ? on ne sait pas. La salle des fêtes est un lieu de passage, de transformation des personnages par la prise de parole publique.


 

Jeux d'anachronisme 

 
Téléscopage entre les époques et les personnages : briquet, clope électronique… quels sont les autres éléments incongrus dans la scène des chasseurs cueilleurs ? Et qu’est-ce que raconte cette scène du briquet ? En dehors de son côté comique, qui nait du décalage entre le commentaire et ce que l’on voit, la scène met en jeu aussi plus particulièrement la question de la propriété privée « mon briquet… » Dans ce grand méli mélo qu’est ce Paléolithique story, il est aussi question du site Sungir et de ses sépultures, remontant environ à 25000 ans avant notre ère, mis au jour en 1955, en Russie. Découverte qui, à son tour, a bousculé les connaissances admises jusque-là sur les pratiques funéraires des premiers hommes, et déplacé l’épicentre des découvertes qui jusque-là se situait principalement en Europe occidentale.

Parmi les références qui l’ont nourri, M. Bauer cite également le blog de l’universitaire Christophe Darmangeat  « Susciter la curiosité, mettre les spectateurs au travail », tels sont les ambitions du metteur en scène qui revendique « le plaisir de se perdre » et n’a pas de scrupule à en faire autant avec les spectateurs. De nombreuses thématiques émaillent ce spectacle d’amateur passionné, où le texte comme la musique sont truffés de citations. On pourra s’amuser à les collecter. Evoqué à travers le livre de Georges Bataille sur Lascaux, tout à la fin, le rapport à l’art qui referme le spectacle nous laisse devant bien d’autres questions.

 

 


 

Avant le spectacle

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Après le spectacle

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